UE-Mercosur : plusieurs actions d’agriculteurs en France

Panneaux agriculteurs
Opération d’agriculteurs en colère, le 13 novembre devant la préfecture de Haute-Marne, à Chaumont  | @hugosmague (X)

Alors que l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur est en pleine négociation, des rassemblements s’organisent en France et à Bruxelles. A l’initiative, les syndicats d’agriculteurs s’inquiètent notamment de la concurrence déloyale que cet accord pourrait générer.

Le syndicat d’agriculteurs Confédération Paysanne et le collectif Stop Mercosur ont organisé le mercredi 13 novembre un rassemblement à Paris, à partir de midi, devant le ministère de l’Économie et des Finances. Le but : s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur ­— un marché commun regroupant le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie.

Sur place, les représentants de la Confédération Paysanne et du collectif Stop Mercosur ont remis une lettre au ministère.

Dans la région Grand-Est, une action a été menée plus tôt dans la matinée devant la préfecture de Haute-Marne, à Chaumont. « Les agriculteurs de Haute-Marne se rassemblent ce matin à Chaumont pour protester contre la signature du MERCOSUR. Des dizaines de panneaux de villages sont installés devant la préfecture », a en effet rapporté le journaliste Hugo Smague sur X, images à l’appui.

Egalement dans la matinée, une action a été organisée à Bruxelles, devant la Commission européenne, pour s’opposer à l’accord UE-Mercosur. Sur place, l’eurodéputé Younous Omarjee a partagé des images de cette mobilisation.

Beaucoup de syndicats et de personnalités politiques mettent en garde contre une signature du traité qui, selon eux, créerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français. Dans les colonnes du Monde, la députée européenne de La France Insoumise Manon Aubry s’interroge : « Comment peut-on prétendre que le fait d’importer chaque année, entre autres, 99 000 tonnes de bœuf, 180 000 tonnes de volaille, 25 000 tonnes de porc, 35 000 tonnes de fromage et 45 000 tonnes de miel supplémentaires à bas prix depuis les gigantesques fermes usines du Brésil ou d’Argentine ne va pas exercer une concurrence déloyale sur les agriculteurs européens ? » Les normes et obligations imposées aux agriculteurs européens, plus rigides que celles en vigueur dans les pays du Mercosur, inquiètent aussi les syndicats.

Macron cultive l’ambiguïté

A peine un an après une mobilisation paysanne d’ampleur qui avait amené l’exécutif à s’engager dans un certain nombre de promesses (dont l’arrêt des négociations sur le traité UE-Mercosur), la perspective d’une signature de cet accord de libre-échange inquiète plus que jamais les agriculteurs français. Et pour cause, le chef de l’Etat entretient depuis un certain temps une ambiguïté sur le sujet. Un reproche aussi exprimé par Laurence Marandola, présidente de la Confédération Paysanne. « Il est temps, à une semaine du G20, que la France ait une position ferme. Les négociations n’ont jamais été stoppées. Il est inacceptable que cet accord continue à être négocié sous peine de mettre en trop grande difficulté l’agriculture et notre souveraineté alimentaire », témoigne-t-elle auprès d’Off Investigation.

En septembre, le média en ligne Euractiv affirmait que « [le nouveau Premier ministre, Michel Barnier] et le président de la République [étaient] favorables à trouver une minorité de blocage pour empêcher cette signature. » En d’autres termes, il s’agirait de réunir autour de la France trois autres pays défavorables à l’accord (par exemple, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne), pour le bloquer au Conseil de l’Union Européenne. Toutefois, en ce mois de novembre, Maxime Combes, économiste et co-animateur du collectif Stop Mercosur regrette auprès de Reporterre l’inertie du chef de l’Etat sur le dossier : « Emmanuel Macron n’a pas été les voir pour s’organiser. Il a beau être affaibli politiquement depuis l’échec de sa dissolution, la France reste la deuxième économie européenne et peut rassembler d’autres États. » Au rassemblement devant Bercy ce 13 novembre, il ajoute : « On est réuni ici à Paris parce qu’on est relativement déçu de la façon dont le gouvernement français, l’exécutif français traite cet accord. »

La mobilisation est lancée

Le 8 novembre, le syndicat Coordination Rurale (CR), a ouvert le bal en annonçant « entrer en résistance ». Afin d’alerter sur le malaise d’une profession confrontée à un taux de suicide très élevé, des représentants de la CR ont déposé le 8 novembre une gerbe devant le monument Jean Moulin à Chartres, en Eure-et-Loire.

Les syndicats majoritaires FNSEA et JA (Jeunes Agriculteurs) ont pour leur part annoncé la reprise des actions à partir du 15 novembre. La mobilisation pourrait gagner en ampleur dès le 18 novembre, jour du début du G20 au Brésil, théâtre probable de l’intensification des négociations du traité UE-Mercosur.

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