Les médias blacklistés par LVMH révélés dans un mail de Bernard Arnault

Soutien historique d’Emmanuel Macron, Bernard Arnault, PDG de LVMH avait appellé à voter pour lui en 2017 (photo DR)

Dans un courriel menaçant adressé au comité exécutif de son groupe LVMH et révélé par La Lettre, Bernard Arnault dresse une liste de sept médias avec lesquels ses cadres ont interdiction d’échanger. La plupart de ces médias ont un modèle économique commun excluant les annonces publicitaires, ce qui empêche l’empereur du luxe d’utiliser contre eux son arme favorite : la suppression des campagnes de pub.

Quand il ne peut pas entraver la liberté éditoriale de grands journaux à travers des partenariats publicitaires, Bernard Arnault, PDG de LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE, opte pour des consignes drastiques. Dans un mail qu’il a envoyé le 17 janvier dernier au comité exécutif de son groupe et qui est révélé ce 18 septembre par La Lettre, l’empereur du Luxe français a établi une liste de médias avec lesquels il est défendu de parler. Il explique notamment dans son mail sa détermination à se prémunir contre « des publications orientées, la plupart du temps à caractère négatif ». « Nous ne pouvons pas prendre ce sujet à la légère. En tant que propriétaire de grands médias, nous savons l’importance d’une information fiable et honnête (sic) », souligne Bernard Arnault auprès de son comité exécutif.

Dans le document rendu public par La Lettre et qu’Off-investigation relaie ci-dessous auprès de ses lecteurs, apparaissent les sept médias suivants : « La Lettre, Glitz Paris (également publiée par Indigo Publications), Miss Tweed, L’Informé, Puck (US), Mediapart et Le Canard enchaîné. »

« Je serai intraitable » : Arnault met en garde contre tout « défaut de loyauté »

Comme le relève La Lettre, exceptés Miss Tweed et Puck, les médias qui figurent dans cette liste ont pour particularité de ne pas faire appel à des annonceurs publicitaires, avec qui les partenariats sont de nature à influencer la ligne éditoriale. Figure par ailleurs un huitième point dans cette liste noire, intitulé : « Toutes les autres lettres confidentielles ou pages du même type qui existent ou pourraient être créées. » Voilà qui a de quoi dissuader les cadres du groupe de s’aventurer en chemin risqué, d’autant plus que le PDG de LVMH laisse peu d’ambiguïté sur le sort qu’il entend réserver aux récalcitrants : « Nous sommes un groupe familial et je rappelle à tous l’interdiction formelle de communiquer des informations ou des commentaires sur la famille. Je serai donc intraitable devant tout manquement à ces règles qui marquerait pour moi un défaut de loyauté intolérable. »

Ce mail de Bernard Arnault a été rédigé suite à la publication de deux articles récents de La Lettre dans lesquels le média d’investigation s’intéresse à plusieurs départs du groupe de Bernard Arnault, sur fond de désaccords stratégiques (La Lettre, 5 septembre) mais aussi d’une affaire de harcèlement (La Lettre, 13 septembre).

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