Depuis plus de 20 ans, Bernard Arnault est l’homme le plus riche de France – et même du monde en 2023. Son parcours est jalonné de coups tordus, de procès et d’évasion fiscale. Pourtant, à la télé ou dans les journaux, il est l’incarnation de la réussite à la française. Lumi s’intéresse à cette image fabriquée par les médias, que la première fortune de France domestique d’une poigne de fer.
Bernard Arnault, comme plusieurs milliardaires bien connus, investit depuis longtemps dans son image. Il est propriétaire de Paris Match, Les Echos, Radio Classique et Le Parisien… Plus récemment, le milliardaire a ajouté 40% des parts de Challenge à son pedigree. Résultat : pour la première fois en 15 ans, le magazine censure à l’été 2024 sa Une sur les Français les plus riches (Streetpress, juillet 2024). En novembre de la même année, Bernard Arnault rachète l’École Supérieure de Journalisme (ESJ) de Paris, aux côtés de Vincent Bolloré, Rodolf Saadé et du couple Dassault.
Proche des couples Macron et Sarkozy, le patron de LVMH sait par ailleurs se faire entendre jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir politique. En octobre 2024, une enquête du Nouvel Obs dévoilait par exemple les pressions qu’avaient exercées Bernard Arnault sur le président de la République pour ne pas voir nommer un premier ministre du Nouveau Front Populaire (NFP).
Médias blacklistés, journalistes espionnés… Les méthodes de Bernard Arnault
Autre moyen de pression sur les médias : la publicité. Tour à tour, Libération et Le Monde ont fait les frais – élevés – de Unes et d’articles à charge dans les marques de presse du milliardaire. Résultat : entre 600 000 et 700 000 euros de perte de revenus publicitaires. A la télévision, Bernard Arnault est généralement épargné : la fiscalité de sa famille est très peu évoquée, et les journalistes se concentrent sur la personnalité des Arnault, leurs ambitions et leurs sentiments. Quant aux médias qui ne peuvent pas être achetés par leurs recettes publicitaires, ils font l’objet d’une liste noire qui circule en interne chez LVMH, comme l’a révélé La Lettre en septembre 2024.
Parfois, Bernard Arnault fricote même avec les journalistes en leur offrant des cadeaux de luxe. Et lorsque les journalistes ne se laissent pas acheter, le patron de LVMH utilise les grands moyens. En novembre dernier, l’ancien directeur du renseignement intérieur Bernard Squarcini était jugé pour « trafic d’influence », pour la mise sous surveillance de François Ruffin et de son média Fakir. Et si certains journalistes dissidents s’intéressent quand même à son empire, Bernard Arnault n’hésite pas à multiplier les recours judiciaires, comme cela a été le cas du journaliste Airy Routier pour son livre L’Ange exterminateur, la vraie vie de Bernard Arnault, publié en 2003.
Autant d’éléments que vous retrouverez dans ce nouvel épisode d’En Off, où Lumi s’interroge sur l’image médiatique de Bernard Arnault, et pourquoi il est si difficile d’enquêter sur le milliardaire…