Guignols de l’info
Quand Nicolas Sarkozy  » pétait une durite  » contre Canal + (19-42)

Jean-Baptiste Rivoire 

Tout au long de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a tenté de faire taire les Guignols de l'info, sans succès.

Cruellement mis à nu par Le Zapping ou caricaturé par les Guignols de l'info tout au long de son ascension politique, Nicolas Sarkozy pensait pouvoir faire taire les trublions de Canal + une fois à l'Elysée. C'était sans compter sur l'esprit de résistance qui prévalait alors au sein de la célèbre chaîne cryptée.

Dès le début des années 2000, sur Canal +, le Zapping, qui consiste à diffuser un florilèges d'extraits télévisés de la veille, irrite le pouvoir en place. Chaque soir, dans la célèbre pastille de Patrick Menais, rien n’échappe à l’émission : les « zappeurs » sont devenus la mémoire de la télé. Avec eux, il est devenu impossible pour un homme politique de faire disparaître une bourde, un lapsus malheureux ou un propos raciste.

Lors d’une visite au Salon de l’agriculture en février 2008, Nicolas Sarkozy tend la main à un quidam. Mais celui-ci lui répond : « Ah non, touche-moi pas, tu me salis ! » Ulcéré, le président de la République réplique vertement : « Casse-toi, pauv’ con ! » Cette saillie, filmée dans une vidéo récupérée par Le Parisien, Nicolas Sarkozy la regrettera amèrement. D'autant que diffusée en boucle sur Canal Plus, elle devient rapidement culte. « Il suffit de regarder le Zapping jour après jour, fulmine en 2009 un de ses proches du président. C’est une entreprise de déstabilisation permanente de sa politique. C’est caricatural. » En 2017, Patrick Menais nous confiait effectivement, un peu bravache : « Quand Nicolas Sarkozy se plaint à Rodolphe Belmer (alors directeur général de Canal +, ndlr), c’est le Zapping qu’il cite en premier, avant Les Guignols »

Faire taire Les Guignols

Et pourtant, c'est peu dire que les célèbres marionnettes exaspèrent Nicolas Sarkozy. Au soir du premier tour de la présidentielle de 2007, il est en tête avec 31,2 % des voix contre 25,9 % pour Ségolène Royal. Sur le plateau de "PPD" (la marionnette de Patrick Poivre d'Arvor, alors célèbre présentateur du 20h de TF1, ndlr), la marionnette de Sarko, les yeux exorbités et le visage dégoulinant de sueur, fait s’écrouler de rire des millions de téléspectateurs quand elle annonce la composition d’un gouvernement plus oligarchique que jamais : « Premier ministre : Arnaud Lagardère ; ministre de l’Économie : Martin Bouygues ; ministre du Budget : Bernard Arnault. » Cette semaine là, avant même la soirée du Fouquet’s et l’escapade maltaise dans le jet privé et sur le yacht de Vincent Bolloré, Les Guignols ont fait marrer la France avec un Sarkozy arborant des lunettes Ray-Ban. En 2009, un sketch mémorable sera même consacré à ses montres Rolex. Une façon de pointer les lourds conflits d’intérêts de celui qu’on appellera bientôt plus qu le « président bling bling », voire le « président des riches ».

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